jeudi 16 septembre 2010

14 mai : jour de joie, jour de peine

Premier jour, première gaffe.
La  première nuit a été courte. Nous sommes arrivés très tard à notre hôtel d'Arad, une ville champignon sans charme qui a poussé dans le désert du Néguev. L'hôtel est  à l'image de la ville : un grand rectangle de béton. Depuis la  petite lucarne de la chambre, on voit flotter un drapeau à  l'étoile de David. Derrière, dans la brume de  chaleur, des montagnes pelées.
Il  faut profiter du matin,  il fait encore frais. Dans la journée, on devrait  avoir du 35°, même en mai. Dans la  rue, c'est le grand calme. Il y a des drapeaux d'Israël partout. Sur le bloc de maisons d'en face, les mêmes drapeaux. Les bâtiments sont entourés de barbelés. Ce n'est guère rassurant.

"Pour  les Palestiniens,  c'est un  jour de deuil"

Notre guide est jeune, moins de trente ans sans doute. Il a l'air sympathique. Casquette de baseball,  barbichette noire, look d'étudiant. Alors j'ai envie de  tenter  une approche. "C'est jour de fête, aujourd'hui, non ?" Il  me regarde sobrement. Et répond en professionnel : "C'est la fête de  l'indépendance d'Israël".
J'ai compris ma gaffe. Notre guide est palestinien. Il  rajoute, plantant un poignard  au coeur de mon  ignorance : "Pour les Palestiniens, c'est un jour de deuil"
Colombe à Bethléem
Sur  le  mur  de  séparation,  à  Bethléem
Quel  crétin ! En lisant les guides dans l'avion, je n'avais pas relevé la date : normal,  il n'y a rien de  spécial à dire sur le mercredi 29 avril 2009. Sauf que, selon le calendrier juif, nous sommes le 14 mai (Yom haÂtsma'out en hébreux). C'est le 14 mai 1948 que David Ben Gourion a proclamé l'indépendance d'Eretz Israël, le pays d'Israël. Une renaissance pour le peuple juif.
Une catastrophe pour les Palestiniens ; ils ont donné  le nom de Nakba à cette  journée. Un pays mais deux  peuples et deux visions de  l'histoire. Il  faudra s'y habituer ; si on n'a pas compris ça, on ne peut rien piger sur ce pays.
Le 14 mai, c'est tout simplement l'un des symboles du conflit israélo-palestinien.

Tous les ans, des manifestations ont lieu et les Territoires occupés sont bouclés. C'est pour cela que le guide  prévu au départ n'est pas là ; il habite un village proche de Bethléem et n'a pu passer le mur de séparation,  même avec son permis de travail. Son jeune remplaçant habite à Jérusalem, du bon côté du  mur. Lui peut circuler plus librement.
Je viens de recevoir ma première leçon de géopolitique locale.

A suivre : dans le désert du  Néguev.


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