La première nuit a été courte. Nous sommes arrivés très tard à notre hôtel d'Arad, une ville champignon sans charme qui a poussé dans le désert du Néguev. L'hôtel est à l'image de la ville : un grand rectangle de béton. Depuis la petite lucarne de la chambre, on voit flotter un drapeau à l'étoile de David. Derrière, dans la brume de chaleur, des montagnes pelées.
Il faut profiter du matin, il fait encore frais. Dans la journée, on devrait avoir du 35°, même en mai. Dans la rue, c'est le grand calme. Il y a des drapeaux d'Israël partout. Sur le bloc de maisons d'en face, les mêmes drapeaux. Les bâtiments sont entourés de barbelés. Ce n'est guère rassurant.
"Pour les Palestiniens, c'est un jour de deuil"
Notre guide est jeune, moins de trente ans sans doute. Il a l'air sympathique. Casquette de baseball, barbichette noire, look d'étudiant. Alors j'ai envie de tenter une approche. "C'est jour de fête, aujourd'hui, non ?" Il me regarde sobrement. Et répond en professionnel : "C'est la fête de l'indépendance d'Israël".
J'ai compris ma gaffe. Notre guide est palestinien. Il rajoute, plantant un poignard au coeur de mon ignorance : "Pour les Palestiniens, c'est un jour de deuil"
Colombe à Bethléem |
Sur le mur de séparation, à Bethléem |
Une catastrophe pour les Palestiniens ; ils ont donné le nom de Nakba à cette journée. Un pays mais deux peuples et deux visions de l'histoire. Il faudra s'y habituer ; si on n'a pas compris ça, on ne peut rien piger sur ce pays.
Le 14 mai, c'est tout simplement l'un des symboles du conflit israélo-palestinien.
Tous les ans, des manifestations ont lieu et les Territoires occupés sont bouclés. C'est pour cela que le guide prévu au départ n'est pas là ; il habite un village proche de Bethléem et n'a pu passer le mur de séparation, même avec son permis de travail. Son jeune remplaçant habite à Jérusalem, du bon côté du mur. Lui peut circuler plus librement.
Je viens de recevoir ma première leçon de géopolitique locale.
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